Une petite échoppe dans le quartier de l'opèra à Paris. une enseigne qui ne paie pas de
mine. Un magasin qui n'attire pas beaucoup plus le chaland tant il est miniscule.
Pourtant, si l'on s'y présente comme étant un athlète, le vendeur lance d'entrée
"qu'ici, il y a une partie de l'équipe de France d'athlé qui vient se servir".
"Ici, en fait, on vend des compléments alimentaires qui vous donnent la pêche,
"car il ne faut pas croire qu'il suffit de manger des pâtes pour arriver au
top", renchérit la même personne.
D'ailleurs, sur ces entrefaites, un client potentiel pousse la porte d'entrée. Rien d'un
bodybuilder, rien d'un athlète. C'est un cycliste qui n'arrive pas à s'accrocher au
wagon. Il voudrait quelque chose "pour que ça roule, vous comprenez". Sans,
précise-t-il, que cela lui détraque la santé.
Le vendeur essaiera de tout faire pour satisfaire la demande de son
client. Ces potions magiques sont une telle manne financière !
Mais, au hazard des rayons sue lesquels sont rangés les bidons en plastique de nutrition
sportive, il faut tout de même se méfier. Il y a bien un produit ou deux qui pourraient
ne pas passer au travers des tests des contrôles anti-dopage. Et le vendeur de montrer un
produit, en libre-service, qui, comme le précise la posologie en dernière ligne,
contient du mahuang, le nom chinois de l'éphédrine, substance interdite. Et puis, en
précisant davantage sa demande, le client amène le vendeur à se diriger derrière son
comptoir.
Là, le gabarit des boîtes et flacons se révèle plus petit ; en revanche, les prix sont
beaucoup plus élevés. Normal, ce qui est rare est cher. Dans des revues spécialisées
françaises, on écrit même que ces produits ne sont pas disponibles en France.
"Eh bien, nous, nous avons nos réseaux qui viennent des Etats-Unis", se moque
le vendeur en lisant ledit article et en montrant le flacon d'androstenedione. Si on
insiste légèrement, il sortira même un bout de papier kraft sur lequel sont écrites à
la main les combinaisons possibles pour suivre une cure efficace.
Précurseur de la testostérone, l'androstenedione, et plus encore
lorsqu'elle est associée à deux autres produits, connaît ces derniers temps un succès
fou outre-Atlantique. Il sera à compter du 31 janvier prochain inscrit sur la liste des
produits interdits du CIO. Pour le moment donc, le magasin en profite pour écouler son
stock pas bon marché, 60 gélules de 100 milligrammes coûtant 569 frs.
Il en profite également pour le tester sur quelques sportifs, "des gens de petit
niveau, explique le vendeur, pour voir les réactions. Nous le testons également sur un
athlète qui est allé aux jeux Olympiques à Atlanta mais qui ne s'entraîne pas à
l'INSEP, histoire de ne pas être pris par les contrôles antidopage inopinés".
Quant à dire si, dans ce même magasin, on peut se procurer de la
19-norandrostenedione (le précurseur de la nandrolone), la réponse n'est pas négative
lorsqu'on la pose au patron...
Ces produits, et beaucoup d'autres, en vente en plein
Paris, sont également vendus sur Internet. En d'autres
termes, il suffit d'être un sportif internaute, et enclin au dopage, pour se les
procurer. Un numéro de carte bancaire et vous pouvez faire votre marché en nandrolone
sur des sites installés en Californie, en floride ou en Virginie. Vous aurez une
explication médicale, les conseils d'un cobaye humain ou d'un gourou, le prix, le dosage.
Vous saurez tout, tout, tout.
De même, la presse
spécialisée ès muscles peut grandement aider celui qui voudrait s'approvisionner par
VPC. Ainsi trouve-t-on, dans certaines librairies de Paris, des revues vendues sous
plastique et trés pointues sur les nouvelles sorties.
Comme quoi, parfois, il ne suffit pas d'aller chercher trés loin. Surfer sur le net,
c'est possible ; mais celui qui ne sait pas surfer peut simplement marcher jusqu'au coin
de la rue... "les médecins de l'INSEP n'y connaissent rien. Ils sont complètement
dépassés par tout ce qui se trouve sur le marché", conclut le vendeur. |
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