Overdose par Christophe Barbier L'Express du 23/07/1998
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Peut-on plaisanter à
propos du dopage? Oui, puisqu'on peut rire de tout, un principe qui mérite une piqûre de
rappel. Le héros du Tour de France 1998 s'appelle donc Erythropoïétine. On le connaît
depuis longtemps, mais on l'avait pris pour un sprinter russe. Las! il s'agit d'un produit
pour multiplier les globules rouges. Tous ceux qui ont d'innombrables raisons de se faire
du mauvais sang seront ravis d'apprendre qu'il existe un truc pour s'en faire du bon.
Encore que. Si vous oubliez de remuer pendant la nuit, vous êtes transformé en boudin au
petit matin. Le peloton est muet? C'est normal: les cyclistes craignent la prise de sang,
ils refusent donc la prise de son. Pour bien rouler, il faut gonfler ses boyaux. Et si le
coup de pompe est un remède pour ses pneus, il est la hantise du coureur. Le vélo est un
sport qui exige de vivre en parfaite hormonie avec son corps. Il faut choisir entre le
dopage et le régime sans selle. Si on se pique d'être un champion, il y a des sacrifices
indispensables. Le seul produit vraiment interdit, c'est le Viagra, aux effets
incompatibles avec un pédalage rectiligne. Les coureurs se rasent les jambes, disent-ils,
pour mieux cicatriser en cas de chute. Et si c'était par crainte de voir pousser un
étrange pelage, vert pour les sprinters, blanc à pois rouges pour les grimpeurs? La
femme à barbe, si elle pédalait, serait maillot jaune. A poils ras. Et elle devancerait,
au classement dégénéral, l'Italien Corti Coïde, l'Espagnol Testo Stérone et le
Néerlandais Amph Etamine. Rassurez-vous, les fans de Richard Virenque peuvent continuer
à imiter ses cheveux décolorés. Mais attention: l'eau oxygénée ne s'utilise pas en
intraveineuse. |
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