Testosterone et chirurgie esthétique

La testostérone est une hormone synthétisée par les testicules. Hors la sphère génitale, son principal site d'action est les muscles, sur lesquels elle exerce un effet anabolisant, ce qui expliquerait la différence de musculature entre les sexes.

Vers 40-50 ans, la testostérone biodisponible de l'homme diminue. A l'âge de 80 ans, son taux a chuté de 60 % environ. « Un homme qui manque d'hormone mâle voit sa masse maigre remplacée par de la masse grasse. Il se met à fabriquer des oestrogènes : les poils se raréfient, dans certains cas, la graisse s'accumule dans les cuisses, comme chez la femme », explique le Dr Sylvain Mimoun, directeur du centre d'andrologie de l'hôpital Cochin, à Paris. En France, la testostérone est surtout utilisée pour corriger des troubles de la libido. Le traitement existe sous trois formes : injectable, gel et comprimés. Les deux premières sont remboursées par la Sécurité sociale, la troisième ne l'est pas toujours.

La demande des patients porte rarement sur l'esthétique du corps, mais la testostérone peut-elle augmenter la masse musculaire chez l'homme vieillissant ? Sylvain Mimoun pense que c'est possible pour certains patients : « Il s'agit de ceux dont la testostérone biodisponible est inférieure à 1,5 nanogramme/ml et surtout ceux dont le taux est inférieur à 0,8.Un traitement ne résout pas tout, mais il peut agir indirectement sur l'aspect physique, en réduisant le recours aux somnifères ou aux psychotropes, en restaurant l'énergie, en encourageant donc la reprise d'une activité physique. Un patient qui suit un traitement et qui pratique un sport verra sa silhouette s'améliorer, son corps redevenir plus ferme. » Le Dr Stanley Korenman, un endrocrinologue de l'université de Californie à Los Angeles, estime que deux tiers des hommes de plus de 50 ans peuvent connaître une amélioration : « Je crois que les hommes plus âgés n'ont aucune raison d'avoir moins de testostérone en circulation que les hommes jeunes. »

Faut-il après 50 ans revendiquer ­ comme chez la femme ­ un traitement hormonal pour corriger certains aspects du vieillissement, y compris esthétiques ? Sylvain Mimoun y est réfractaire : « Il faut s'en tenir au cas par cas. Comme tout traitement actif, une hormonothérapie n'est pas anodine. » Le principal risque est d'accélérer la croissance d'une tumeur de la prostate. C'est la raison pour laquelle, avant de proposer de la testostérone, les médecins pratiquent un examen clinique de la prostate et un bilan biologique, en dosant un marqueur de l'inflammation de la prostate, le taux de PSA (Prostate Specific Antigen).

T. S.

home | suite dossier | opinions | e-mail