Evènement

31-07-98

Les sponsors n'entendent pas modifier leur position à l'égard de l'épreuve
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Le Tour reprend sa course, la caravane passe

  L'ensemble des sponsors maintient sa confiance à la société organisatrice du Tour de France.
Nombre d'entre eux souhaitent néanmoins de nouvelles règles sur le dopage.
L'enquête qui se poursuit semble mettre au jour un vrai trafic de produits dopants.


« Seuls les coureurs peuvent faire et défaire le Tour. » En tenant ces propos mercredi, quelques heures avant la révolte du peloton, Jean-Claude Killy ne croyait pas si bien dire. Après avoir perturbé la 17e étape du Tour qui reliait Albertville à Aix-les-Bains, les coureurs ont finalement décidé de poursuivre le Tour de France. Ils étaient une petite centaine, hier, à prendre le départ de la 18e étape en direction de Neufchâtel, en Suisse. Au grand soulagement des partenaires du Tour de France. A peine déboussolés par les « affaires » qui entachent l'image du Tour, sponsors, fournisseurs et partenaires officiels continuent d'afficher leur sérénité.

L'édition 1998 de la Grande Boucle est-elle discréditée par le scandale du dopage ? Les entreprises ne veulent pas le savoir. Foin des rebondissements judiciaires qui malmènent l'épreuve reine du cyclisme mondial. C'est aux organisateurs, estiment-elles, de gérer la crise qui secoue le monde du cyclisme. Les sponsors sont là pour s'afficher et faire des affaires. « Le Tour de France est une manifestation exceptionnelle. Ce qui compte, c'est que ce soit une belle fête, non ? », juge ainsi Patrick Gatin, directeur général du PMU, présent dans la course depuis huit ans en tant que partenaire du maillot vert.

« Relations publiques. » Assureurs officiels de l'épreuve depuis 1993, les AGF ne disent pas autre chose : « Ce qui compte pour nous, c'est de pouvoir investir dans des opérations de relations publiques sur le Village, en hélicoptère et sur la course. Nos invités ont vécu mercredi une étape extraordinaire. Peu importe ce qui s'est passé ce jour-là. Après tout, les coureurs se sont fait prendre parce qu'ils avaient triché. » « L'événement est tellement fort que c'est l'émotion qui prend le pas. Il n'y a pas de liaison directe avec les sponsors qui subissent cette situation », explique-t-on au GAN.

La position des sponsors impliqués dans une équipe cycliste est plus inconfortable. Difficile, en effet, de se voiler la face et d'ignorer la réalité du dopage. Festina, TVM mais aussi Casino en savent quelque chose. Des corticoïdes ont été découverts, hier, dans la chambre de l'Italien Rodolpho Massi (équipe Casino), a-t-on appris auprès du parquet de Lille. Au siège de l'enseigne, on se refuse à tout commentaire sur l'affaire à ce stade : « Nous n'avons aucune information qui nous autorise à nous exprimer. En attendant d'en savoir plus, nous restons totalement solidaires de notre coureur. Sur le fond, nous nous félicitons de ce que notre équipe ait pris le départ de l'étape ce matin. »

Spectacle ou équité ? Pour ces entreprises qui ont mis entre 3 et 45 millions de francs selon leur degré d'engagement, seule compte en définitive la réaction du public. « Sa fidélité au bord de la route ne s'est pas démentie tout au long de cette édition du Tour de France », constate-t-on au PMU. « Il ne faut pas perdre de vue la dichotomie qu'il y a entre le remue-ménage dans les équipes cyclistes et le public. Celui-ci vient sur le Tour huit à neuf heures avant le passage de la caravane publicitaire puis celui du peloton. Ce qu'il veut, c'est du spectacle. C'est tout ! », poursuit-on froidement aux AGF. Toute la question est là.

Alors que les organisateurs du Tour de France se pencheront dans les prochains mois sur la mise en place de nouvelles règles sur le dopage, les sponsors - quelles que soient leurs déclaration d'aujourd'hui - engageront inévitablement une réflexion plus large sur leur engagement dans le cyclisme professionnel. Gilles Dumas, responsable de SportLab, institut qui s'apprête justement à lancer une étude marketing sur la question, résume l'équation qu'ils devront résoudre : « L'exigence d'éthique revendiquée ici ou là par le public aujourd'hui est-elle plus forte que son exigence de spectacle ? » De quoi méditer pendant les quelques semaines qui séparent la Grande Boucle du Tour d'Espagne...

G. Me., S. R., B. d'E.

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