Les
ANABOLISANTS

L'effort intensif de musculation ayant la réputation d'endommager les tissus musculaires, certains ont recherché dans la pharmacopée quels médicaments seraient capables de les reconstituer plus rapidement afin d'accélérer la récupération, et ainsi de se développer. Les anabolisants hormonaux, étant reconnus pour avoir ce type d'effet, ont été largement employés par les sportifs depuis 1960.

    Que signifie le mot ANABOLISANT :

    L'organisme est le siège de réactions et de transformations complexes portant sur la matière vivante. Le métabolisme est l'ensemble de ces transformations de l'organisme à partir de ce qu'il absorbe. Sommairement, le métabolisme se décompose en deux types de réactions : l'anabolisme qui permet la synthèse moléculaire, c'est à dire l'assimilation et le catabolisme qui entraîne ensuite la transformation partielle de la matière assimilée en déchets. L'alimentation est un exemple des processus anaboliques et cataboliques qui se retrouvent dans le cycle vital de création puis destruction des cellules. Dans sa thèse portant sur les anabolisants, le docteur Jacques Pelizza, ancien athlète spécialisé dans le lancer du javelot, a parfaitement défini l'anabolisme comme la "transformation de matériaux nutritifs en tissu vivant" dans l'organisme. Certaines substances ont la particularité de favoriser cette transformation. On leur a donné en conséquence le nom d'ANABOLISANTS. Ces produits peuvent avoir différentes origines mais ceux qui sont concernés par le dopage sont à base d'hormone naturelle (testostérone) ou de synthèse (les stéroides anabolisants).
On peut trouver sur le marché américain des produits destinés à augmenter la production de testostérone ou de nandrolone de notre organisme. Ce ne sont pas des anabolisants car ils n'ont pas d'action directe. Leur fonctionnement est basé sur des intermédiaires du processus hormonal. Ce sont des "pro-steroids".

    L'usage sportif des anabolisants est dèjà relativement ancien, et une fois n'est pas coutume, ce ne sont pas les cyclistes mais les athlétes qui sont en première ligne, ainsi que les pratiquants de disciplines où la force physique est prédominante : l'haltérophilie, par exemple. Mais, par dérapage du phénomène, on a vu leur usage s'étendre à de nombreux sports, dont la natation et... le cyclisme ! En poussant à l'extrême le principe actif des anabolisants, on aboutit en effet à augmenter considérablement l'assimilation des protéines, donc le poids du sujet traité, par des maxi-doses. Un effet de rétention d'eau joue également un rôle important dans cette prise de poids. Ce développement musculaire possède un double avantage a priori : accroître la puissance pure, mais également augmenter le volume d'entraînement (ce dernier aspect n'étant pas le moindre dans le sport moderne où les meilleurs doivent leur supériorité à la capacité d'entraînement qu'ils peuvent fournir à partir de leur statut social et de leurs caractéristiques physiologiques). Le premier avantage concerne directement les athlètes de lancer (poids, javelot, disque, marteau), les spécialistes d'épreuves combinées (décathlon et heptathlon), les haltérophiles. Le second intéresse beaucoup plus de monde!

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Témoignage du lutteur suédois Pelle Svenson, médaille d'argent aux jeux olympiques de TOKYO.

    "Je sentis mon énergie décupler deux mois après le début du traitement, j'avais rattrapé mon retard sur l'élite mondiale en douze piqûres ! Je gagnais le championnat du monde en juillet 1970. Un an après, je commençais à subir les effets négatifs du traitement, nervosité, mauvaise humeur, appétit sexuel exagéré, foie en mauvais état. De même, sans raison particulière, j'accumulais les accidents musculaires. Ce fut d'abord mon deltoïde droit, ce muscles qui fait l'arrondi de l'épaule : distension ligamentaire. Puis mon grand dorsal gauche : déchirure. La guérison rapide ne put me faire oublier cette sensation débilitante de voir mes muscles partir en charpie. J'étais devenu trop fort pour mes tendons et mes fibres musculaires... Quatre mois avant les jeux de Munich, je fus cloué au sol par un nouvel accident musculaire en courant dans les sous-bois : déchirure d'un des muscles du mollet.
    Jamais cela ne m'était arrivé en dix-huit ans de pratique sportive. La déchirure se cicatrisa en moins de trois semaines mais je devenais de plus en plus bizarre. Mon entourage avait l'impression que j'avais "un verre dans le nez" ! Cette fausse ivresse fut une révélation : à cause du testoveron mon foie fonctionnait moins bien, ses capacités d'élimination étaient trés diminuées, c'est pourquoi le moindre gramme d'alcool restait anormalement longtemps dans le corps... Malgré l'arrêt des piqûres, l'action du testoveron se faisait toujours sentir, notamment dans le domaine sexuel. Ma fringale d'amour était telle qu'il m'était impossible de l'assouvir et que mon désir suractivé, me devenait pénible. Pour dévier cette énergie que je ne pouvais employer qu'en partie, je m'entraînais davantage pour me fatiguer au maximum. Lors des préliminaires du tournoi olympique, après avoir éliminé difficilement un jeune espoir bulgare, le tirage au sort me propose Tore Herm. Dès le début de la rencontre, une douleur fulgurante me déchira le dos, de bas en haut jusqu'à la nuque. Comme si on m'avait labouré avec un fer rouge...       Je sombrai dans l'inconscience... Quand je revins à moi, j'étais allongé sur une table de massage dans les vestiaires. Je ne pouvait plus bouger ; mon bras gauche et tout le côté gauche de mon thorax étaient morts ; le docteur Strombach, le médecin de notre délégation, était penché sur moi : "votre grand dorsal est complètement déchiré, dit le toubib, comme une étoffe trop mûre. Les Jeux sont terminés pour vous..."

    Mon histoire "exemplaire" m'incite furieusement à lancer une mise en garde à l'ensemble des athlètes de toutes les disciplines sur les dangers des anabolisants. Arrêtez cette folie ! Ces hormones androgènes provoquent des ravages dans l'organisme : dérèglement du métabolisme du calcium, ralentissement de la fonction d'élimination du foie, cancer de la prostate, etc. Leur effet "bénéfique" sur les masses musculaires ne peut durer qu'un temps car les fibres musculaires hypertrophiées imposent aux tendons, aux ligaments et aux articulations des efforts qu'ils ne peuvent soutenir. Un squelette prévu pour supporter 80 kg en supporte difficilement 30 à 40 de plus. Alors, les tendons se rompent et les articulations se déforment. Le sportif est fichu et l'homme est handicapé pour la vie ! "

Article de Sciences et Avenir sur la NandroloneDossier complet de S&A: 8 articles.
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